Organisée en début d’année et depuis trois ans maintenant, la cérémonie des trophées LUTECH a pour objectif de récompenser l’implication de trois équipes de recherche qui se sont particulièrement distinguées durant l’année 2018 par leur implication dans le transfert de technologies.
En effet, chaque année, près d’une centaine de déclarations d’inventions issues des laboratoires de recherche académiques sont soumises à la SATT LUTECH par le biais des cellules de valorisation des établissements actionnaires.
Une fois entrée à la SATT et analysée par son équipe, près de 45% d’entre-elles vont faire l’objet d’un programme de maturation en vue d’être transformées en technologies exploitables par les acteurs du marché ciblés ou via une création de start-up.
Cette année encore, 12 équipes de recherche ont été sélectionnées rigoureusement parmi l’ensemble des équipes ayant soumis une déclaration d’invention et/ou faisant l’objet d’un accompagnement par LUTECH. Seules trois d’entre elles se verront décerner à l’issue de la soirée le trophée LUTECH ainsi qu’une enveloppe destinée aux équipes de recherche.
A l’occasion de la nouvelle édition qui se tiendra le 22 janvier prochain au campus Pierre et Marie Curie, la SATT LUTECH vous propose une rétrospective sur les lauréats des éditions précédentes :
Marco Faustini, lauréat Trophée Lutech 2017
Marco Faustini est Maître de Conférences au Laboratoire de Chimie de la Matière Condensée de Paris (LCMCP, Sorbonne Université). Ses recherches portent sur la fabrication de matériaux complexes nanostructurés pour des utilisations variées : optique, énergie, stockage de données, etc.
Dans le cadre de ses recherches, Marco Faustini s’est impliqué dans plusieurs projets de transfert technologique à la SATT Lutech. Lutech a d’ailleurs tenu à récompenser cette implication, puisqu’en 2017, Marco Faustini et son collègue Cédric Boissière ont été lauréats du Trophée Lutech pour les projets « Aquascreen » et « Glassprint ».
Marco Faustini est convaincu par le transfert de technologies. En effet, il a participé à 4 projets de transfert chez Lutech dont l’un est toujours en cours de maturation.
Les travaux de Marco sont également reconnus au sein de la communauté scientifique puisqu’il a été tout récemment désigné lauréat d’une prestigieuse ERC Starting Grant 2018, qui récompense des projets très ambitieux menés par des jeunes chercheurs parmi les plus prometteurs en Europe.
Le projet TEMPORE, financé par l’ERC, porte sur le design de nanomatériaux artificiels reproduisant certains mécanismes hors-équilibre observés chez les êtres vivants comme l’auto-régulation (homéostasie), les processus cycliques et l’auto- organisation à large échelle. Les nouveaux matériaux développés permettront de fabriquer des dispositifs fonctionnels (capteurs, écrans, et/ou actuateurs, …) caractérisés par un comportement autonome/intelligent inspiré des systèmes vivants.
Nul doute que nous n’avons pas fini d’entendre parler des découvertes de Marco !
Q&A :
Qu’est-ce qui vous a motivé à tenter l’expérience du transfert de technologies ?
Mon implication dans le transfert technologique n’a pas été une démarche individuelle. J’ai eu la chance de travailler dans un laboratoire et avec des chercheurs de très haut niveau qui m’ont permis très tôt de prendre conscience de l’importance de faire un pont entre la recherche académique et le marché, et ce à travers la prise des brevets, le transfert technologique, les projets industriels, etc. Toutefois, la recherche fondamentale, avec l’enseignement, reste ma mission principale et je considère cela indispensable pour produire l’«innovation».
Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté ?
J’ai eu la chance de participer à plusieurs projets de maturation dans le domaine des nanotechnologies. J’ai appris qu’il n’y a pas de chemin préétabli pour transférer une idée vers l’application et que chaque projet est différent. C’est dans ce contexte que le rôle de la SATT Lutech est indispensable pour nous accompagner. J’ai pu rencontrer et échanger avec les différents acteurs du transfert technologique, les ingénieurs brevet, les chefs de projets, les cadres des groupes industriels mais aussi des designers, des menuisiers, des vitriers, des architectes, des auto-entrepreneurs… Grâce aux projets de maturation, j’ai énormément appris du point de vue technique, mais j’ai également appris à regarder ma recherche avec un peu plus de recul.
Qu’est-ce que vous pourriez dire à vos collègues réticents à tenter l’expérience du transfert de technologies ?
Je comprends les réticences surtout de la part de collègues travaillant sur des thématiques de recherche plus « fondamentales ». Certaines découvertes majeures ne peuvent pas être « protégées » car l’impact potentiel est sur le long terme. De plus, la prise de brevet et le transfert technologique ne conduisent pas forcément à la commercialisation d’un produit dans le marché. L’enrichissement matériel n’est pas la force motrice. Je considère toutefois l’expérience du transfert technologique très enrichissante du point de vue professionnel (et personnel), pour faire évoluer les thématiques de recherche, apprendre des nouvelles techniques et méthodologies, se confronter avec des personnes ayant une formation différente. De plus, le transfert technologique peut être aussi vu comme une façon de valoriser la recherche fondamentale du laboratoire et transmettre le savoir au même titre que la publication ou la divulgation scientifique.